mercredi 18 décembre 2013

"Cocotte", "ma puce"..., le sexisme au travail a la vie dure

49% des femmes disent avoir été interpellée par un surnom sexiste au travail et 80% d'entre elles affirment avoir été confrontées à des attitudes machistes, révèle un sondage publié mardi 17 décembre.
D.R.
Se faire appeler "Barbie", "Cocotte" ou "mon petit" par ses collègues est (encore) une réalité subie par une très large majorité de femmes.
Une femme interrogée sur deux (49%) affirme qu'un homme l'a déjà interpellée en utilisant un surnom sexiste au travail, et 38% des hommes affirment en avoir été témoins.
Plus largement, le constat semble général. 80% de celles interrogées lors de l'étude, estiment que "les femmes sont régulièrement confrontées à des attitudes ou des décisions sexistes" dans le monde du travail en France (56% des hommes), d'après l'étude menée principalement auprès de cadres pour le compte du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (CSEP).
A l'inverse, 13% des femmes et des hommes estiment qu'elles "font partie du jeu des relations" entre hommes et femmes.
46% estiment avoir été traitées différemment
Plus de la moitié d'entre elles (54%) estime avoir rencontré un frein professionnel en raison de son sexe: absence d'augmentation ou de prime (36%), de promotion (35%), d'attribution de mission (31%)...
46% disent avoir déjà eu le sentiment d'être traitée différemment dans certaines situations: être chargée de tâches dévalorisantes ou sous-estimée par rapport à ses compétences, manquer d'autonomie...
Côté phrases stéréotypées, 81% des femmes et 59% des hommes ont déjà entendu dans leur environnement professionnel des jugements comme "elle est hystérique" ou "elle est pire qu'un homme" à propos de femmes qui exercent des responsabilités.
Des remarques centrées sur le physique
Beaucoup de remarques sont focalisées sur l'intellect, l'humeur ou le physique. Ainsi, "elle fait sa blonde" ou "ne fais pas ta blonde" a été entendu par 69% des femmes interrogées, "elle est de mauvaise humeur elle doit avoir ses règles" par 59%.
Pour les femmes interrogées, les manifestations sexistes "peuvent modifier le comportement des salariés" (93%), "ont un impact sur la confiance en soi" (92%) et "déstabilisent le travail de ceux qui les subissent" (92%).
L'étude a été réalisée à partir de deux enquêtes: un sondage national mené par internet du 12 au 18 septembre auprès d'un échantillon représentatif de 1.000 cadres.
Une consultation en ligne a été réalisée du 24 septembre au 12 novembre auprès de 14.651 salariés (92% de cadres, 55% de femmes et 45% d'hommes) de neuf entreprises françaises (LVMH, Orange, SNCF, Air France, Radio France, France Télévisions, RATP, GDF Suez, La Poste).

mercredi 4 décembre 2013

Un pacte pour briser les stéréotypes sexuels en entreprise

Publié le 29 /11/2013 par Novethic
Orange, Capgemini, Vivendi, Mediaprism, Eau de Paris, RATP ou encore l'Association Nationale des DRH (ANDRH) ont signé, jeudi 21 novembre 2013, le Pacte des Stéréotypes élaboré par le Laboratoire de l'Egalité. Celui-ci propose 9 mesures concrètes destinées à faire reculer les stéréotypes sur les femmes et les hommes. Soucieux de sensibiliser l'opinion sur ces questions, le Forum de la Mixité et le Laboratoire de l'Egalité vont lancer deux campagnes placées sous le signe de l'humour.
« Les femmes n’ont pas les capacités physiques pour travailler dans le bâtiment », « il existe des compétences naturellement féminines et d’autres naturellement masculines », « les femmes ne sont pas ambitieuses »… Les stéréotypes de ce genre sont nombreux y compris dans la sphère professionnelle. Surtout, ils tiennent un rôle important dans le développement des inégalités qui se traduisent, dans les faits, par des salaires plus bas pour les femmes à compétences égales, mais aussi à une plus faible représentation des femmes dans les hautes sphères de l’entreprise. En 2012, le Laboratoire de l’Egalité a engagé des travaux de réflexion sur le thème de stéréotype : après une année de travaux et ateliers, le réseau a élaboré une brochure intitulée « Les stéréotypes, c’est pas moi, c’est les autres », qui reprend la synthèse des résultats, mais aussi un pacte contenant 9 propositions concrètes pour faire lutter contre ces représentations schématiques.
Présenter des images mixtes des métiers
Ce pacte concerne trois univers : l’école, les médias et les entreprises. Pour ces dernières, la charte prévoit deux engagements spécifiques. D’abord, changer les codes de l’entreprise pour limiter l’impact des stéréotypes sur les carrières en invitant notamment les entreprises à revoir leurs processus de recrutement, d’évaluation, de formation et de promotion. Autre proposition : donner la même visibilité aux femmes et aux hommes dans tous les métiers. Cela passe par une présentation systématiquement d’images mixtes des métiers, y compris ceux majoritairement occupés par des hommes ou par des femmes et par la rédaction systématique des noms de métiers au féminin et au masculin pour les annonces de recrutement, les fiches de poste, les grilles d’évaluation et de classification, ainsi que dans la communication externe et interne. Avec ce pacte, le Laboratoire de l’Egalité souhaite donner des lignes de travail censées faire évoluer tous ces stéréotypes.
Six entreprises signataires
Pour le moment, six entreprises ont signé le pacte : Orange, Capgemini, Eau de Paris, Mediaprism, la RATP et Vivendi, auxquelles s’ajoutent l’ANDRH (l’Association Nationale des DRH) et Ligue de l’enseignement. La RATP, qui couvre des métiers qualifiés de « masculins », tels que la conduite de bus et de métro, la maintenance des rames…, a mis en place plusieurs actions qui promeuvent la diversité. « La politique diversité commence à porter ses fruits. Aujourd’hui la RATP compte 19,8 % de femmes. Mais c’est une progression qui cache encore des disparités avec, par exemple, des femmes dans les RH mais très peu dans la sécurité et la maintenance. Nous voulons poursuivre nos efforts en nous fixant des objectifs annuels que nous mesurons », explique Béatrice Beaulieu, Responsable de l'unité Observatoire Social et politique de Diversité à la RATP. Au sein d’Orange, le thème de l’égalité professionnelle est au cœur de la stratégie, affirme Brigitte Dumont, Directrice RSE : « Nous nous sommes engagés à avoir 35 % de femmes dans les instantes dirigeantes parce que, d’une part, 37 % des collaborateurs du groupe sont des femmes et, d’autre part, 51 % de nos clients sont des clientes. » Pascale Thumerelle, directrice responsabilité sociétale chez Vivendi, estime pour sa part que le pacte est « une initiative qui accentue la responsabilité du groupe, notamment dans la manière de promouvoir la diversité dans les contenus diffusés ». Déjà, dans sa politique de rémunération de ses dirigeants, Vivendi a mis en place un critère sur la représentation des femmes dans les émissions de télévision.
Chez Capgemini, la question des stéréotypes a été étudiée dans le cadre du programme spécifique. L’entreprise a par exemple mis en place un site Internet dédié à la mixité, qui propose notamment une étude sur les clichés en vigueur au sein de Capgemini. « Tout l’enjeu est de déconstruire ces stéréotypes. Pour cela, il faut changer le modèle managérial qui ne compte aujourd’hui que 15 % de femmes. La signature de ce pacte est un début, mais nous sommes encore peu nombreux à le signer. Il faut que d’autres entreprises s’engagent », estime Hélène Chinal, Directeur Exécutif de Sogeti France et Leader du programme Women@Capgemini France. C’est aussi le souhait du Laboratoire de l’Egalité, qui va faire le tour des grandes entreprises en 2014 pour convaincre le plus grand nombre de s’associer à la démarche.
*Le Forum de la Mixité aura lieu le 13 décembre prochain