Si davantage de personnes de la gent féminine entraient dans la vie active, c'est-à-dire exerçaient un travail rémunéré, la croissance économique mondiale bénéficierait d'un véritable "coup de fouet", affirment les experts de l'OCDE dans un rapport intitulé "Inégalités hommes-femmes, il est temps d'agir", publié lundi 17 décembre.
"Toute diminution de 50% de l'écart hommes-femmes en termes de taux
d'activité devrait aboutir à une hausse du taux de croissance du produit
intérieur brut par habitant de 0,3 point de pourcentage ; et de 0,6 point dans
l'hypothèse d'une convergence totale d'ici à 2030, ont-ils calculé, en se basant sur les taux de croissance à long terme des
économistes de l'Organisation. Ce qui équivaut à une progression totale de
12 % du PIB sur vingt ans."
Les pays qui en bénéficieraient le plus, parce que partant de plus loin,
sont l'Italie, dont le PIB
progresserait de 22,5 % sur vingt ans, ainsi que la Corée du Sud, la Grèce, la Hongrie et le Japon. En France, le résultat serait
plus modeste, avec une augmentation de 9,4 %.
PLUS DE TEMPS À TRAVAILLER
Mais, pour qu'il en soit ainsi, plusieurs conditions doivent être réunies.
Le partage des tâches doit en particulier devenir plus équitable. Car si les femmes sont moins
nombreuses que les hommes à exercer une activité rémunérée, elles passent globalement
plus de temps à travailler – de façon rémunérée ou pas – que les hommes
dans la quasi-totalité des pays de l'OCDE.
L'Inde et le Portugal font partie des plus
mauvais élèves. C'est dans ces pays que le temps de travail global est le plus
inégal, en défaveur des femmes. La France se situe dans la moyenne des pays de
l'OCDE. En revanche, les temps de travail sont globalement équilibrés en Allemagne et au Royaume-Uni. Dans ces deux pays,
le surcroît de travail non rémunéré exercé par les femmes équivaut au surcroît
de travail rémunéré exercé par les hommes.
Pour que davantage de femmes puissent entrer dans la vie "active", il est donc
nécessaire de permettre à tous, hommes et femmes, de mieux équilibrer vie
personnelle et vie familiale. Les jeunes de la génération Y, pour qui ce serait
le voeu le plus cher, ont donc encore du pain sur la planche.
PEU NOMBREUSES EN HAUT DE L'ÉCHELLE
Ouvrir davantage les portes du marché du travail aux femmes implique aussi
de "modifier les stéréotypes sexués", rappelle ce rapport. Car
si les filles ont de meilleurs résultats scolaires en fin de secondaire dans de
nombreux pays de l'OCDE, elles continuent d'être moins nombreuses à s'orienter vers des études scientifiques et techniques.
Elles sont également sous-représentées dans le secteur des entreprises et à l'inverse en
grand nombre dans la santé, l'aide sociale,
l'enseignement et l'administration. Parce qu'elles perçoivent ces métiers comme
plus compatible avec leurs tâches familiales ; mais aussi par reproduction de
schémas culturels.Lire la suite sur Le Monde.fr