mercredi 17 septembre 2014

Avoir un enfant est bon pour votre carrière (si vous êtes un homme)

Deux études établissent un lien direct entre parentalité et salaires: si devenir père augmente les chances d’être engagé ou de gagner plus d’argent, devenir mère ralentit une carrière professionnelle de manière très concrète.
En France, selon le baromètre du le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT), une femme salariée sur quatre s’est déjà sentie lésée dans sa vie professionnelle en raison de sa maternité. Aux Etats-Unis, un quart des mères se sentent discriminées pour les mêmes raisons. Des discriminations de salaires et de traitement qui peuvent s’exercer lors d’un entretien d‘embauche, au retour d’un congé maternité et même tout au long d’une carrière.
Deux études récentes, mises en avant par le New York Times, confirment que les mères sont effectivement lésées, mais elles révèlent surtout, qu’à l’inverse, un homme qui devient père va pouvoir, lui, en tirer des bénéfices.
Michelle Budig, professeur de sociologie à l’université d'Amherst (Massassuchets) a analysé les données recensées entre 1978 et 2006 par le National Longitudinal Survey of Youth, sorte de vigie du marché du travail.
Cette analyse, publiée ici, révèle que le salaire des hommes, quand ils deviennent pères, augmente de 6%. Tandis que les femmes, elles, perdent 4% de revenus à chaque enfant. 
Pour Michelle Budig, l’une des explication à ces disparités, c’est la vision réactionnaire et passésiste de nombreux  patrons:
«Dans l’esprit des employeurs, les pères sont plus stables et plus investis dans leur travail, ils ont une famille à charge et ne peuvent pas se permettre de se disperser. C’est l’exact opposé de la manière dont les mères qui travaillent sont trop souvent perçues. Dans l’imaginaire collectif, elles travaillent moins et sont plus facilement distraites».
Pour prouver le fait que ces inégalités résultent bien d‘idées reçus et non de différences de compétences, Michelle Budig a bien pris en compte les facteurs tels que le niveau d’étude ou le nombre d’heures travaillées: à compétences et disponibilités égales, les femmes sans enfants gagnent 96 cents pour chaque dollar gagné par un homme, tandis que les mères gagnent à peine 76 cents, creusant ainsi un écart qui existait déjà.
Une deuxième étude confirme que les employeurs ont généralement tendance à accorder d’emblée aux pères de nombreuses qualités, tout en envisageant les mères comme source de probèmes.
Shelley J. Correl, professeur de sociologie à l’Université de Stanford, a envoyé à des centaines d’employeurs des fausses candidatures d’hommes et de femmes de parcours et d’expériences relativement similaires. Sur certains des CV, une ligne faisaient référence au fait que le candidat (homme ou femme) était membre d’une association parents-professeurs (suggérant de fait que le candidat en question est parent). Là aussi, les clichés sont suivis d’effets implacables: les candidates censées être mères de famille ont eu 50% moins de chances d’être rappelées par l’employeur, tandis que les pères supposés auraient été, eux, plus sollicités que les hommes célibataires sans enfants.
L’étude conclut alors que pour un employeur, le salarié idéal est, dans cet ordre là: les hommes pères de famille, les femmes sans enfants, les hommes sans enfants, en en queue de classement, les femmes avec enfants.
A défaut de pouvoir changer les mentalités et en attendant que la pédagogie fasse son oeuvre (la Commission américaine pour l’égalité des chances au travail a publié mi-juillet un guide complet sur le sujet), Shelley J Correl estime que «le seul espoir de se débarasser des effets de ces préjugés, ce sont des politiques qui inciteraient les gens à assimiler l’idée que l’on a le droit d’avoir des enfants ET de travailler».
D’ailleurs, comme le souligne le New York Times, en Allemagne, où rien ou presque n’est prévu pour faciliter le retour au travail après un congé maternité, l’écart de salaires entre hommes et femmes est conséquent. Tandis qu'en Suède, pays autrement plus en pointe sur les questions de parité, les femmes sont largement moins pénalisées par leurs grossesses.
Repéré par Nadia Daam Parents & enfants Double X 10.09.2014

mardi 16 septembre 2014

En médecine aussi, le genre aurait un impact sur le diagnostic des médecins !

Les représentations sociales liées au genre du patient peuvent influencer le diagnostic du médecin, souligne une note de l'Institut national de la santé et de la recherche médical (Inserm). Explications avec Catherine Vidal, membre du comité d'éthique. 



La dépression est-elle plutôt une "maladie de femme"? L'infarctus touche-t-il surtout les hommes? Des membres du comité d'éthique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, ont publié mardi une note évoquant les discriminations liées au sexe et au genre dans le domaine de la santé. Décryptage avec Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de recherche à l'Institut Pasteur et membre du groupe "genre et recherche en santé" du comité d'éthique de l'Inserm. 

Que vient faire la question du genre dans le domaine médical?
Catherine Vidal: Les représentations sociales liées au genre féminin ou masculin du patient jouent sur l'attitude des patients et du corps médical. Il est indispensable d'en tenir compte pour aboutir à de meilleures pratiques. La France accuse d'ailleurs un retard dans cette démarche, par rapport aux Etats-Unis ou à d'autres pays d'Europe comme la Belgique.  

Quelle différence faites-vous entre le genre et le sexe?
Le sexe concerne les caractéristiques biologiques -chromosomes, organes génitaux, hormonaux qui différencient les mâles et les femelles. Le genre, lui, est un concept qui désigne les processus de construction sociale et culturelle des identités féminine et masculine. Depuis la naissance, les normes sociales vont influencer les comportements et les pratiques dans tous les domaines, y compris celui de la santé et de la recherche biomédicale.  

Vous voulez dire que l'attitude du médecin et son diagnostic peuvent varier en fonction du sexe de son patient?
Oui. Un des exemples les plus parlants est celui de l'infarctus du myocarde, longtemps sous-diagnostiqué chez les femmes. Des études ont montré que pour le corps médical, il s'agissait d'une maladie touchant particulièrement des hommes, stressés par leur travail. Quand une femme se présentait se plaignant de fatigue et d'essoufflement, les docteurs avaient plutôt tendance à la trouver angoissée et à lui prescrire des tranquillisants... En passant à côtédu diagnostic. Pourtant, l'infarctus est la première cause de mortalité aux Etats-Unis et Europe, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. 

Les hommes pâtissent-ils aussi de cette influence du genre?
Oui, les hommes souffrant d'ostéoporose ont eux aussi souffert de sous-diagnostic. Jusqu'en 1990, cette maladie, associée à la ménopause et aux traitements hormonaux de substitution, était considérée comme "féminine". Depuis, l'approche de cette pathologie a été revue et des scores de densité osseuse ont été établis pour les hommes, comme pour les femmes. 
Et le patient? Se comporte-t-il différemment face au corps médical selon son genre?
Il est connu que les hommes consultent beaucoup moins facilement que les femmes: selon les stéréotypes du genre masculin, ils doivent être "résistants au mal". L'expression de la souffrance psychique varie aussi selon le genre. Les femmes sont considérées comme plus enclines à sombrer dans la dépression que les hommes. C'est ce que montrent les études prenant en compte des symptômes tels que le retrait sur soi et les troubles du sommeil. Mais dès lors que d'autres critères sont considérés, comme un comportement agressif ou la prise de drogues -des attitudes plus présentes chez les hommes- la prévalence de la dépression devient équivalente chez les deux sexes! 

Source : L'express, en savoir plus ..