lundi 20 janvier 2014

Najat Vallaud-Belkacem : "Une réforme ambitieuse"





Pas de guerre des sexes, mais une réduction des inégalités entre les hommes et les femmes. Le projet de loi porté par la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem et discuté lundi à l’Assemblée met en place un large panel de dispositifs touchant aussi bien à la vie familiale que professionnelle, à la représentation politique qu’aux images médiatiques.
 De la réforme du congé parental à la lutte contre les images dégradantes de la femme dans les médias, en passant par la réaffirmation du droit à l’avortement, le texte doit aussi permettre de faire évoluer les mentalités.
 En quoi ce texte est-il novateur dans la législation sur les droits des femmes ?
Jusqu’à présent, les différentes lois adoptées étaient spécifiques, que ce soit sur l’égalité professionnelle, la parité ou les violences faites aux femmes. Cette fois-ci, on s’attaque à toutes les inégalités qui perdurentElles sont liées les unes aux autres, et c’est en les appréhendant dans leur ensemble qu’on arrivera à mieux les combattre. De plus, ce texte vient combler des lacunes dans notre droit, tout en veillant à ce que les législations précédentes, comme celles des quotas, soient bien appliquées.
 Les quotas sont-ils un passage obligé ?
On ne passe pas systématiquement par là, mais fixer des objectifs chiffrés est indispensable pour progresser. Je ne crois pas que l’Histoire nous conduise spontanément vers le progrès. Aller vers davantage d’égalité nécessite donc une politique proactive. Ce qui n’empêche aussi de parier sur les bonnes pratiques de certains acteurs, comme les entreprises.
Le texte s’est heurté à l’opposition d’une partie de l’opinion, avec des rassemblements anti-IVG hier à Paris...
L’IVG est si emblématique des droits des femmes qu’il n’est pas surprenant que cela provoque de telles réactions. Sa remise en cause dans d’autres pays, notamment en Espagne, réveille les tentations de certains de revenir sur la loi de 1975. Il nous faut protéger ce droit fondamental. Un amendement parlementaire socialiste supprime la mention de la « détresse » des femmes comme une condition d’accès à l’IVG car cette référence est obsolète. Cela peut paraître symbolique, mais c’est un message fort : les femmes doivent pouvoir choisir de poursuivre ou non une grossesse sans avoir à se justifier. Faisons leur confiance.
Comment comptez-vous inciter les hommes à prendre un congé parental ?
Aujourd’hui, avec un enfant, vous avez droit à six mois de congé parental. La loi permettra d’y ajouter six mois supplémentaires s’ils sont pris par l’autre parent. Avec deux enfants et plus, les Français peuvent prendre jusqu’à trois ans de congé. Désormais dans ces trois ans, six mois reviendront au deuxième membre du couple, sous peine d’être perdus.
Inciter ainsi au partage des responsabilités entre l’homme et la femme est dans l’intérêt de tous : les femmes seront moins lésées sur le marché du travail par des interruptions trop longues et les pères demandent à pouvoir s’occuper de leurs enfants sans être stigmatisés. 18 000 hommes prennent un congé parental, on en attend 100 000 en 2017. C’est une réforme à la fois ambitieuse et pragmatique.
Espérez-vous une même évolution paritaire dans la vie politique ?
Le doublement des pénalités pour les partis politiques qui ne respectent pas les règles de parité devrait amener en effet les partis à réfléchir à deux fois avant de désigner les candidats. La loi imposera aussi, dans les exécutifs locaux, la parité entre la tête de l’exécutif et son premier adjoint. Avec toutes ces mesures, le paysage politique devrait être profondément chamboulé en quelques années.

Comment le CSA pourra-t-il, ainsi que le prévoit la loi, lutter contre les stéréotypes sexistes dans les médias ?
Le conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) dispose d’une large palette d’outils, de l’avis à la sanction, en passant par la mise en demeure. Il veillera à ce qu’il n’y ait pas d’images qui portent atteinte à la dignité des femmes. Il devra également fixer des objectifs chiffrés aux afin de lutter contre la sous-représentation des femmes comme expertes par rapport aux experts. Enfin, il devra contrôler la reproduction exagérée de stéréotypes, comme par exemple dans les programmes pour enfants, où les femmes ne doivent pas être systématiquement représentées dans un rôle réducteur.
Ces mesures étant inédites, le CSA a mis en place une commission spécifique sur les droits des femmes, dirigée par Sylvie Pierre-Brossolette, afin d’établir une grille d’indicateurs pour déterminer ce qui relève de stéréotypes préoccupants et ce qui est anodin.
Vous avez également appelé à mettre en place des plans d’action pour plus de mixité professionnelle début 2014…
Ma priorité a toujours été l’égalité professionnelle, car j’estime que c’est celle qui touche le plus massivement les Françaises et les Française et qui est la plus injustifiable dans un pays où les femmes sont autant, voire plus diplômées que les hommes. Les écarts de rémunérations sont liés à plusieurs facteurs : la mauvaise volonté des employeurs parfois, qui sont désormais soumis à des contrôles et des sanctions ; le fait que les femmes sont très souvent à temps partiel, et on encadre mieux ce dernier ; qu’elles ont, plus que les hommes, une carrière interrompue, et on y répond par le partage du congé parental.
Mais les inégalités professionnelles sont aussi liées au fait que les femmes sont cantonnées dans un tout petit nombre de métiers moins bien rémunérés et moins valorisés. Il nous faut donc travailler sur cette question de la non mixité. Nous avons identifié une dizaine de secteurs d’activités dans lesquels il y a clairement un déséquilibre hommes-femmes comme le BTP, les transports ou la petite enfance. Pour chacun d’entre eux, des plans avec des objectifs chiffrés sont en train d’être rédigés par un comité de pilotage qui regroupe plusieurs ministères et les branches d’activités concernées.
Nous accompagnerons ces dernières en travaillant sur les processus de recrutement, les formations qui y conduisent, l’orientation scolaire et professionnelle ou encore l’image de ces professions. Aujourd’hui, seuls 17 % des métiers sont considérés comme mixtes. Nous nous fixons comme objectif d’arriver à 30 % en 2025.
 Selon vous, faut-il légiférer sur le statut de la Première Dame ?
Non.

mercredi 15 janvier 2014

Les gérantes de hedge funds seraient meilleures que leurs collègues hommes

Par le 15/01/2014 pour L'AGEFI Quotidien - Edition de 14H
Sur les 11 premiers mois de l'année écoulée, le petit nombre de fonds alternatifs dirigés par une femme dans le monde a enregistré une performance de 9,8% alors que l'indice global HRFX Global Hedge Fund progressait de 6,13% seulement, selon le cabinet spécialisé Kass, qui a créé son propre indice des fonds gérés par des femmes. Les chiffres sont encore plus parlants sur la période de janvier 2007 à juin 2013: les hedge funds gérés par des femmes ont enregistré un rendement moyen de 6% alors que l'indice de référence HRFX perdait 1,1%. Sur la même période, l'indice Standard & Poor's 500 de la Bourse de New York a progressé de 4,2%. L'excès de testostérone rendrait les hommes moins sensibles aux signaux risque-rendement, selon Kass.

mardi 7 janvier 2014

La Mixité des métiers, une priorité pour 2014

Par LEXPRESS.fr, publié le 06/01/2014 à  18:04
Le gouvernement a présenté sa feuille de route pour atteindre l'égalité entre hommes et femmes dans l'emploi. Parmi ses principaux objectifs, faire qu'un tiers des métiers soit réellement mixte d'ici 2025.
AFP/Mychele Daniau
Jean-Marc Ayrault a fixé lundi à Versailles le développement de la "mixité des métiers" comme priorité en 2014 de l'égalité entre les femmes et les hommes. Le Premier ministre, accompagné de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, et le ministre du Travail Michel Sapin, a présenté à Versailles la feuille de route du gouvernement pour 2014 en matière d'égalité entre les deux sexes. 
Jean-Marc Ayrault entend faire de l'année qui s'ouvre "une nouvelle année décisive pour les droits des femmes". Cela passera par la définition "d'objectifs chiffrés dont chaque ministre assurera le suivi et sera le garant", a-t-il expliqué. "Deux priorités transversales domineront par ailleurs notre action, a annoncé le chef du gouvernement. Première priorité: nous devons mobiliser nos énergies pour accroître le taux d'activité et d'emploi des femmes." 
En 2011, le taux d'emploi des femmes entre 20 et 64 ans ayant terminé leurs études s'élevait à 66,8%, contre 76,2% pour les hommes. "Cet écart est une perte de valeur inacceptable pour notre pays", a déploré le chef du gouvernement. "C'est pourquoi l'objectif, d'ici 2025, doit être d'annuler complètement l'écart de taux d'emploi entre femmes et hommes", a indiqué le Premier ministre. "L'OCDE estime qu'atteindre cet objectif permettrait d'accroître notre croissance potentielle de 0,5 point de croissance en plus par an", a-t-il fait valoir. 
Mois d'un métier sur huit est mixte
La seconde priorité est la "mixité des métiers": "un défi central", selon Jean-Marc Ayrault à l'heure où "moins d'un métier sur huit peut être considéré comme réellement mixte". Alors qu'"aucune politique n'a jamais été organisée en la matière", le gouvernement entend mettre en place dès cette année "des réformes et des outils que nous permettrons d'ici 2025 qu'un tiers des métiers deviennent mixtes". 
"Nous établirons tout au long de l'année 2014 dans 10 secteurs clés des plans d'actions mixité, a-t-il poursuivi. Dans les métiers de la petite enfance,( Le métier d'assistant maternel compte parmi les moins mixtes, avec plus de 95% de femmes dans ses effectifs) du grand âge, des services à la personne, de la sécurité civile, de l'énergie et du développement durable, ces actions seront construites avec les acteurs professionnels", a-t-il précisé.