lundi 17 décembre 2012

Les femmes au travail, c'est bon pour la croissance

Si davantage de personnes de la gent féminine entraient dans la vie active, c'est-à-dire exerçaient un travail rémunéré, la croissance économique mondiale bénéficierait d'un véritable "coup de fouet", affirment les experts de l'OCDE dans un rapport intitulé "Inégalités hommes-femmes, il est temps d'agir", publié lundi 17 décembre.

"Toute diminution de 50% de l'écart hommes-femmes en termes de taux d'activité devrait aboutir à une hausse du taux de croissance du produit intérieur brut par habitant de 0,3 point de pourcentage ; et de 0,6 point dans l'hypothèse d'une convergence totale d'ici à 2030, ont-ils calculé, en se basant sur les taux de croissance à long terme des économistes de l'Organisation. Ce qui équivaut à une progression totale de 12 % du PIB sur vingt ans."
Les pays qui en bénéficieraient le plus, parce que partant de plus loin, sont l'Italie, dont le PIB progresserait de 22,5 % sur vingt ans, ainsi que la Corée du Sud, la Grèce, la Hongrie et le Japon. En France, le résultat serait plus modeste, avec une augmentation de 9,4 %.

PLUS DE TEMPS À TRAVAILLER
Mais, pour qu'il en soit ainsi, plusieurs conditions doivent être réunies. Le partage des tâches doit en particulier devenir plus équitable. Car si les femmes sont moins nombreuses que les hommes à exercer une activité rémunérée, elles passent globalement plus de temps à travailler – de façon rémunérée ou pas – que les hommes dans la quasi-totalité des pays de l'OCDE.
L'Inde et le Portugal font partie des plus mauvais élèves. C'est dans ces pays que le temps de travail global est le plus inégal, en défaveur des femmes. La France se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE. En revanche, les temps de travail sont globalement équilibrés en Allemagne et au Royaume-Uni. Dans ces deux pays, le surcroît de travail non rémunéré exercé par les femmes équivaut au surcroît de travail rémunéré exercé par les hommes.
Pour que davantage de femmes puissent entrer dans la vie "active", il est donc nécessaire de permettre à tous, hommes et femmes, de mieux équilibrer vie personnelle et vie familiale. Les jeunes de la génération Y, pour qui ce serait le voeu le plus cher, ont donc encore du pain sur la planche.

PEU NOMBREUSES EN HAUT DE L'ÉCHELLE
Ouvrir davantage les portes du marché du travail aux femmes implique aussi de "modifier les stéréotypes sexués", rappelle ce rapport. Car si les filles ont de meilleurs résultats scolaires en fin de secondaire dans de nombreux pays de l'OCDE, elles continuent d'être moins nombreuses à s'orienter vers des études scientifiques et techniques.
Elles sont également sous-représentées dans le secteur des entreprises et à l'inverse en grand nombre dans la santé, l'aide sociale, l'enseignement et l'administration. Parce qu'elles perçoivent ces métiers comme plus compatible avec leurs tâches familiales ; mais aussi par reproduction de schémas culturels.

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Référendum : les femmes du Caire ne se laissent pas faire


Comme les premiers résultats officieux semblent le confirmer (54 à 57 % en faveur du oui), ce sont les électeurs du Caire qui ont voté le plus massivement contre le projet de Constitution présenté par le président islamiste Mohamed Morsi. L'opposition aux Frères musulmans semble être un phénomène urbain, chrétien, jeune... et féminin. Les femmes se sont mobilisées massivement dans la capitale égyptienne, lors du premier tour de scrutin, samedi 15 décembre, qui avait lieu dans une dizaine de gouvernorats regroupant un peu plus de la moitié des 51 millions d'électeurs inscrits.


SCÈNES VUES SAMEDI AU CAIRE

Alors que la nuit est déjà tombée depuis un moment sur la capitale, une foule compacte se presse devant l'école élémentaire de filles de la rue Moubtadayan. On est au cœur du quartier populaire de Sayeda Zeinab, où vit une petite classe moyenne gouailleuse et pieuse, qui vote généralement pour les Frères musulmans. A droite, les hommes en file indienne, à gauche, les femmes, nettement plus nombreuses et moins disciplinées. Les opérations de vote semblent plus longues côté féminin et ces dames s'impatientent. Elles sautillent d'un pied sur l'autre, frigorifiées par la fraîcheur nocturne. Mais, pour rien au monde, elles n'auraient renoncé à leurs sandales vernies et leur foulard scintillant. C'est jour de sortie.
L'officier de police en faction devant la porte tente de contenir la pression de la foule à grand peine. Les femmes le prennent à partie. "Mais tu veux nous empêcher de voter ou quoi ?" Il se défend comme il peut : "Mais c'est le juge qui traîne, je n'y suis pour rien moi." 

vendredi 14 décembre 2012

Comment instaurer l'égalité entre les hommes et les femmes au travail?


Vaste question sur laquelle se sont penchés les participants des Trophées de l'égalité, qui ont dressé la liste des bonnes pratiques à instaurer dans leurs entreprises, quant à l'égalité des salaires, l'organisation du travail ou encore la mixité des métier.
DimilProd - Louise de Murard
"La femme n'est pas un genre à promouvoir, ni une espèce à défendre. Néanmoins, la parité, cette morale provisoire, est, je crois, une belle idée qu'il faut défendre", a philosophé Raphaël Enthoven lors de la soirée des entreprises organisée ce jeudi par L'Express et l'Apec, dans le cadre des Trophées de l'égalité, action co-financée par le Fonds social européen et placée sous le haut patronage de la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud Belkacem
Comment instaurer l'égalité entre les hommes et les femmes au travail? Vaste question sur laquelle se sont penchés les participants, directeurs et responsables des ressources humaines et directeurs de la diversité en entreprise, qui ont dressé la liste des bonnes pratiques à instaurer, quant à l'égalité des salaires, l'organisation du travail ou encore la mixité des métiers. 
Obtenir l'égalité des salaires entre hommes et femmes
Indexer une prime individuelle sur la performance 
A travail égal, salaires encore différents: en 2009, les femmes gagnaient en moyenne 20% de moins que leurs collègues masculins, à temps de travail égal. "Pourquoi ne pas indexer une prime individuelle, suite à un congé parental, sur la performance, et non uniquement sur une période de référence", est-il ressorti des discussions animées. Ou encore: "pouvoir disposer d'une "enveloppe", variable d'ajustement pour récupérer les écarts de salaires dus à des coupures professionnelles", voire, instaurer des formations, à partir de six mois d'absence, "afin de maintenir la personne dans son poste ou la faire évoluer".  
Encourager la mixité des métiers
Hommes leaders et femmes assistantes "hors pair": les clichés ont la vie dure en entreprise. Les solutions? Changer les mentalités en "travaillant sur les stéréotypes, en amont de l'entreprise, auprès des parents et des professionnels de l'éducation". Valoriser, aussi, "le concept de rôle modèle, dans les deux sens", c'est-à-dire mettre en valeur les femmes qui exercent des postes d'encadrement, mais aussi des hommes qui évoluent dans des postes généralement "tenus" par des femmes. 
Faciliter l'organisation du travail
Il faut faciliter l'organisation du travail, pour les femmes... mais aussi pour les hommes, ont relevé les participants des Trophées. Comment? En encourageant le "rôle du parent, quelque soit son sexe, avec des dispositions similaires pour les hommes et les femmes: congé parental, flexibilité des horaires, etc.", "en sensibilisant tous les acteurs, de la base aux managers", "en anticipant le retour au travail après un congé" et "par la mise en place d'un télétravail plus normé pour favoriser le lâcher prise du salarié". 
Sensibiliser les managers aux préjugés sexistes
Mettre en place des programmes de mentorat 
Remarques misogynes, critiques sur le manque d'ambition des femmes ou le congé paternité d'un homme: pour mettre fin aux préjugés sexistes au travail, il est nécessaire de cibler les managers. Ceux-ci doivent "donner du sens à chacune des règles qu'il souhaitent mettre en place -pourquoi cette règle, la répéter pour qu'elle entre dans les esprits-, parler des success stories qui valorise l'entreprise, porter la nécessité d'exemplarité dans leur organisation du travail", voire de "mettre en place des programmes de mentorat" -mot mixant le mentoring des seniors au tutorat des juniors- pour favoriser la parité (faire travailler les femmes en réseau, mixer les équipes...) 
Fixer des objectifs de recrutement
Les quotas? Pas forcément un bon concept pour les participants de la soirée des entreprises de l'égalité femme-homme, qui imaginent plutôt une "mixité des comités de recrutement et de promotion" et la nécessité de "tuer le syndrome du coup-d'après": l'engagement pour l'égalité, c'est maintenant... et pas au prochain recrutement.

mercredi 12 décembre 2012

Quand les femmes se serrent les coudes


Pour faire la courte échelle aux plus jeunes, prendre des responsabilités, pousser leur carrière, des femmes s'organisent en réseaux

 Quelle femme n'aimerait pas travailler à distance quelques jours par semaine en restant chez elle? Ou pouvoir s'appuyer sur un « mentor », parrain ou marraine, aguerri dans la carrière, qui lui apprenne à demander - et à obtenir - une augmentation ou une promotion? Ou encore disposer d'une conciergerie qui lui faciliterait les tâches de la vie quotidienne? Depuis quelques années, certaines femmes, généralement des cadres, ont la chance de bénéficier, dans de grandes entreprises, de ce soutien dans leur vie professionnelle, grâce aux réseaux de femmes. Ceux-ci sont nés souvent à l'initiative de dirigeantes, parfois des entreprises elles-mêmes, pour pousser les femmes à prendre des responsabilités. C'est dans l'air du temps et, désormais, une nécessité légale. Les employeurs sont en effet tenus d'engager des actions pour réduire les inégalités hommes-femmes: en 2014, il faudra 20% de femmes dans les conseils d'administration des grosses boîtes, et 40% en 2017.

L'ampleur de la tâche explique que le nombre de ces cercles explose. Emmanuelle Gagliardi, cofondatrice de Connecting Women, en dénombre environ quatre cents. Ils portent des noms suggestifs: Accent sur Elles à Accenture, InterpElles à EDF, WE à Areva, KNOW (Kurt Salmon Network of Women), dans le cabinet conseil du même nom, O'Pluriel chez Air Liquide... Quand ils se connectent entre eux, cela donne InterElles regroupant les femmes de douze grandes entreprises de l'industrie, ou Financi'Elles dans la banque et l'assurance.
En général, les cadres sup qui ont lancé ces initiatives n'ont pas elles- mêmes des problèmes de carrière. Et, prudentes, elles préviennent: il ne s'agit ni de lutte des classes ni de guerre des sexes. « Un réseau, ce n'est pas un syndicat, on travaille main dans la main avec la direction et beaucoup sont ouverts aux hommes. » Alors, pure entraide de dirigeantes ambitieuses? Opérations de communication de grandes boîtes voulant vendre leur politique RH? En partie mais pas seulement. Les résultats sont parfois très concrets: « A la BPCE , explique Maryse Vepierre, de la DRH, pour chaque poste d'encadrement, on propose systématiquement une candidature d'homme et une candidature de femme. »

De son côté, pour faciliter la vie des jeunes mères, Accenture, entreprise de conseil, a mené une expérience permettant aux assistantes de travailler de chez elles quelques jours par semaine. Cela a très bien fonctionné. Du coup, la moitié des salariés, femmes mais aussi hommes - essentiellement des cadres, la moyenne d'âge étant de 31 ans - ont choisi d'entrer dans ce programme qui leur permet de travailler un, deux ou trois jours par semaine à la maison. En prime, la maison organise des ateliers sur la parentalité. Chez Assystem, société d'ingénierie très présente dans l'aéronautique, Femmes d'Energie a organisé à Toulouse une journée de recrutement auprès de demandeuses d'emploi peu diplômées pour des métiers auxquels elles n'auraient jamais pensé car ils sont habituellement réservés aux hommes: technicienne qualité, ajusteuse, soudeuse... Mais le grand combat des réseaux, c'est d'aider les femmes à desserrer les freins psychologiques qui les empêchent souvent d'avancer. Toutes choses égales par ailleurs, les différences de salaires entre hommes et femmes sont encore de 9%. « Beaucoup de femmes pensent que si elles ont bien travaillé, l'augmentation suivra automatiquement », dit Laurence Dejouany d'InterElles. « Tandis que les hommes n'hésitent pas à réclamer: «Je n'ai toujours pas mon augmentation, qu'est-ce que c'est que ce bazar?»  renchérit, à Accenture, Armelle Carminati-Rabasse, directrice générale Human Capital and Diversity. Alors, à coups de parrainage et de coaching, les réseaux apprennent aux femmes à oser être ambitieuses. Qu'en pensent les hommes? Il paraît que certains commencent à s'inquiéter! Et déjà, des femmes songent à organiser des ateliers sur le thème: « Comment les aider à accepter notre ascension. » 

Source : Le Nouvel Observateur, Jacqueline de Llinares, 12/12/12

lundi 3 décembre 2012

Chat avec Brigitte GRESY sur le Monde.fr : "Les hommes ont aussi intérêt à l'égalité entre les sexes"


Dans un chat avec les internautes du Monde.fr, Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales et auteure du Petit traité contre le sexisme ordinaire (Albin Michel, 2009) salue les annonces du gouvernement en faveur de l'égalité des sexes.

Extraits  

Visiteur : Que pensez-vous du plan annoncé par le gouvernement ce midi ? 
Brigitte Grésy : Ce que je trouve de tout à fait important, c'est que ce plan se mette sous une double mobilisation : il y a à la fois la mobilisation des personnes, de tous les acteurs ministériels - et c'est essentiel parce qu'on voit bien que l'égalité, il faut la traiter avec l'ensemble des composantes de la société.
La deuxième mobilisation, c'est le fait de traiter ensemble tous les sujets de l'égalité. Ce qui est important dans l'égalité, c'est une approche globale, ou systémique, c'est-à-dire qu'il faut à la fois travailler sur l'égalité professionnelle, sur la parité politique, la défense des droits des femmes, et notamment la lutte contre les violences, la question du partage des tâches entre hommes et femmes, et enfin, la question des systèmes de représentation. Et ce qu'on appelle le sexisme ordinaire. Parce que l'égalité bouge dans les textes, mais pas dans les têtes.
Miki : Qu'appelle-t-on "sexisme ordinaire" et comment se manifeste-t-il ?
Brigitte Grésy :J'ai écrit en 2009 Petit traité contre le sexisme ordinaire. Le sexisme ordinaire, ce sont tous ces signes, ces paroles, ces comportements qui délégitiment, infériorisent, déstabilisent une femme, l'air de rien, de façon sournoise. 
Par exemple : "alors, ma petite, ça va bien ?" ; "c'est vrai ce qu'elle dit ?" en s'adressant à tous les hommes d'une réunion après la prise de parole d'une femme. Les exemples sont infinis. Et ce sexisme ordinaire crée de la souffrance chez les femmes, parce que cela porte atteinte à leur identité au travail.

Pour lire l'intégralité du chat avec Brigitte Grésy, inspecteur générale des affaires sociales

Un plan en faveur de l'égalité femmes/hommes


Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a présenté vendredi le plan du gouvernement en faveur de l'égalité femmes-hommes, qui décline toute une série de mesures concernant aussi bien le sexisme à l'école, la lutte contre les violences, l'égalité professionnelle ou la parité.
"Mon ambition" est "d'ouvrir une troisième génération de droits des femmes, après les droits civiques reconnus à la Libération et les droits économiques et sociaux des années 70 et 80", a expliqué le Premier ministre.
Il a fait ces annonces après avoir réuni à Matignon l'ensemble du gouvernement en "comité interministériel aux droits des femmes", pour la première fois depuis douze ans. Il le sera désormais chaque année, a assuré Jean-Marc Ayrault.
"La politique d'égalité entre les sexes doit être un pilier du nouveau modèle français", selon le Premier ministre.

Contre les stéréotypes et le sexisme d'habitude ....