mardi 19 novembre 2013

MARIE-LAURE SAUTY DE CHALON : "LES FEMMES PEUVENT REUSSIR"

Sexisme, manque de considération, misogynie… autant de problèmes qui empêchent les femmes d’être totalement épanouies au travail. Pourtant des solutions existent. 

Elles seront expliquées ce mardi lors des premières Rencontres Aufeminin.com, organisées à l’hôtel Pullman Mont­parnasse à Paris. Femmes et réussites ne sont pas antinomiques pour Marie-Laure Sauty de Chalon, PDG du groupe Aufeminin.com.

Qu’attendez-vous de ces rencontres pour aider les femmes ?
Ce type de manifestation existe aux Etats-Unis, cela s’appelle l’empowerment (se donner les moyens). Les femmes s’imposent beaucoup de freins qui les empêchent d’avoir confiance en elles. Comme le «complexe de l’imposteur», où elles ne postulent pas à un job parce qu’elles considèrent qu’elles ne pourront pas l’avoir. Les femmes peuvent réussir, nous voulons donc leur donner les clés pour devenir plus sûres d’elles.

Quels sont les freins à la carrière des femmes ?
En réalité tout va bien pour elles jusqu’à 29 ans. Elle ont une meilleure scolarité, sont meilleures pour les études supérieures et ont même des salaires 4% supérieurs à ceux des hommes en moyenne. Après 29 ans, la maternité arrive. Il y a alors beaucoup de femmes qui se sentent en insécurité sur ce sujet. Elles ont peur de savoir comment cela va être perçu. Elles se retranchent et toutes les galères commencent et notamment la précarité.

Quelles sont les solutions ?
Il faut combattre par exemple le syndrome de la femme parfaite, où on veut faire tout à la fois. Il ne faut pas toujours tout assumer, ni culpabiliser de ne pas tout faire. Il faut aussi oser dresser le bilan de ce que l’on veut.
Lors des entretiens de fin d’année par exemple, les femmes doivent apprendre à formuler leurs souhaits, leurs besoins et expliquer comment elles se projettent. Il faut également leur donner les clés pour assumer le désir d’enfant et même celui de ne pas en vouloir qui est également difficile à gérer. Le mentorat et le networking sont aussi des outils importants dans une carrière.
Il faut aussi discuter avec d’autres femmes issues d’autres secteurs, car on se rend compte souvent qu’elles partagent les mêmes problèmes.

Que peuvent faire les hommes ?
Il faut continuer de les sensibiliser à cette question, car c’est aussi par eux que tout passe, notamment du côté des employeurs. Je note aujourd’hui que si l’on regarde le dirigeants du CAC 40, pas une seule femme n’y figure.
En France, on parle beaucoup de parité mais quand on rentre dans ce sujet on se rend compte qu’il y a encore beaucoup de retard et dans tous les secteurs, même en politique où elle n’est que symbolique.

Quels sont les secteurs les plus touchés ?
Ce sont les emplois industriels qui souffrent le plus. Mais on a des raisons d’être optimistes, puisque les postes dans les services, à la personne ou dans l’enseignement, sont majoritairement exercés par des femmes. Aujourd’hui, nous sommes dans une période charnière, où les femmes ont tous les moyens pour réussir.
 Direct Matin
 

vendredi 15 novembre 2013

La Tribune Women's Awards 2013

« De la femme vient la lumière… et le soir comme le matin, autour d’elle tout s’organise. » Louis Aragon, écrivain engagé, avait l’art de révéler la condition féminine dans une mesure proche de l’équité.
Issue des poèmes de son Roman inachevé, cette belle phrase rappelle à bien des égards le combat des femmes dans l’entreprise aujourd’hui : inachevé lui aussi. Il est bien dommage, soixante ans plus tard, que notre société française n’ait pas suffisamment entendu ou pris en compte cette déclaration engagée. Car s’il est certain que la place des femmes dans nos sociétés n’est pas encore celle qu’elle devrait – et je pense tout particulièrement à certaines situations de harcèlement et de maltraitances faites aux femmes, il me semblait opportun de réfléchir à l’intérêt réel d’un débat sur la place des femmes dans les entreprises au XXIe siècle ? Le fait que toute femme pouvait accéder à des postes à responsabilité n’était il pas une valeur acquise ?

Quand j’ai consulté des femmes investies et engagées sur les enjeux de la mixité dans les entreprises, j’en ai conclu qu’il restait encore beaucoup de chemin à parcourir. Trop de disparités perdurent en effet dans le traitement réservé aux femmes dans les entreprises. Dès lors, le combat pour la mixité des équipes dirigeantes et l’accès des femmes à de hautes responsabilités au sein des entreprises reste un enjeu de société qui doit surmonter toutes les lenteurs et les conservatismes persistants. Bien des nations nous ont dépassés sur ce sujet. Il est incompréhensible que notre pays, berceau des droits de l’homme, ne soit pas exemplaire. Les Tribune Women’s Awards portent ce combat et continueront de le porter avec force et fierté.
Jean-Christophe Tortora, Président de La Tribune
Les femmes entrepreneurs et manageurs concourent pour une catégorie du prix national dont la finale à lieu à Paris le lundi 2 décembre 2013.
Découvrez les finalistes des Tribune Women's Awards et votez pour vos candidates préférées entre le 28 octobre et le 17 novembre 2013.

lundi 4 novembre 2013

Etude: «L’égalité salariale progresse, mais très lentement» Article 20 Min du 31 10 2013

INTERVIEW – Une étude de l’Insee parue ce jeudi révèle que l’écart salarial hommes-femmes est toujours important. Sylvie Brunet, co-auteur d’un rapport sur l'égalité professionnelle entre femmes et hommes en analyse les raisons…

Selon une étude de l’Insee parue ce jeudi, l'écart salarial hommes-femmes reste significatif: en 2011, une salariée gagnait en moyenne 19,3% de moins que son homologue masculin. Un écart qui est moindre (10,6%) à secteur d’activité, âge et catégorie socioprofessionnelle équivalents. Sylvie Brunet, co-auteur d’un rapport sur l'égalité professionnelle entre femmes et hommes pour le Conseil économique, social et environnemental, explique pourquoi malgré un arsenal juridique important sur le sujet, les progrès sont toujours aussi lents.
Comment expliquez-vous l’écart salarial moyen entre les hommes et les femmes?
Tout d’abord par l’orientation professionnelle des femmes. Elles se concentrent dans une dizaine de familles de métiers qui ne sont pas les mieux payés. Les femmes sont aussi moins souvent cadres que les hommes. Bien souvent parce qu’elles s’autocensurent et rechignent à postuler à des postes à responsabilité. Par ailleurs, beaucoup de femmes sont encore pénalisées par leurs maternités et ont moins accès à la formation et aux promotions internes. Enfin, davantage d’hommes peuvent effectuer des heures supplémentaires, car le partage des tâches domestiques est encore très inégal.
Pourquoi à poste et expérience équivalents, l’écart salarial est-il encore de 10,6%?
Sur les postes cadres, les salaires sont individualisés, ce qui pénalise les femmes. Ce phénomène ne s’observe pas que dans le privé, mais aussi dans la fonction publique où les femmes de la catégorie A touchent une rémunération inférieure de 20% à celle des hommes, car leurs primes sont moindres. La part individuelle de la rémunération est encore trop souvent attribuée en fonction de critères quantitatifs et non pas qualitatifs. Le temps de présence dans l’entreprise est par exemple déterminant, alors qu’il faudrait davantage évaluer les salariés par rapport à leurs compétences.
Mais une dizaine de lois ont été consacrées depuis quarante ans à la promotion de l’égalité professionnelle. Sont-elles donc inefficaces?
Non, car l’égalité salariale progresse, mais très lentement. Et ce, parce que l’on touche à des facteurs culturels ancrés depuis des décennies dans les entreprises. Mais l’obligation de négocier sur la promotion de l’égalité prévue dans la loi du 23 mars 2006 a déjà débouché sur des actions concrètes pour redresser le tir. La loi est encore récente et n’a pas encore porté tous ces fruits. Par ailleurs, la meilleure représentation des femmes dans les conseils d’administration et de surveillance des grandes entreprises (loi du 27 janvier 2011) va permettre une prise en compte plus stratégique de ce sujet. Des progrès ont déjà été constatés dans ce domaine chez les jeunes qui entrent sur le marché du travail.
Les lois sont-elles suffisamment répressives?
Oui, je le crois. Il ne faut pas que les efforts des entreprises sur le sujet soient uniquement dus à la peur du gendarme, mais bien à un mouvement de société. Il faut aussi agir dès l’orientation en incitant les femmes à embrasser des carrières plus ambitieuses. Les entreprises doivent aussi progresser sur l’égalité d’accès à la formation, sur l’accompagnement des femmes à leur retour de congé maternité, à des critères d’évaluation plus objectifs… Quant aux syndicats, ils ont un rôle majeur à jouer pour rendre ce sujet stratégique.
Propos recueillis par Delphine Bancaud