lundi 26 novembre 2012

La BCE : bonnet d'âne pour la mixité !


Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne ont définitivement validé, vendredi 23 novembre, la nomination du Luxembourgeois Yves Mersch au directoire de la Banque centrale européenne (BCE), l'instance de six membres gérant l'institution monétaire au quotidien. Et ce malgré l'opposition du Parlement européen, qui avait rendu un avis négatif sur ce choix le 25 octobre en raison de l'absence de femmes dans cette instance.
Alors qu'une femme avait toujours siégé au directoire de la BCE entre 1998 et 2011, ce dernier est désormais intégralement masculin et aucune nouvelle nomination n'est prévue avant juin 2018. La situation a d'autant plus agacé le Parlement européen que les 17 présidents des banques centrales nationales, qui siègent aux côtés des membres du directoire au conseil des gouverneurs de la BCE, sont également tous des hommes.
Le conseil européen a donc décidé d'ignorer le vote, qui n'a qu'une portée consultative, des parlementaires européens. Une décision que Sylvie Goulard a qualifiée d'"absolument lamentable". Jointe vendredi matin par téléphone, l'eurodéputée (Modem) mène la fronde au Parlement européen et dénonce "le décalage complet entre le discours et les actes  sur le renforcement de la légitimité démocratique et les décisions prises", ainsi que "l'affaiblissement de  la BCE, qui aura désormais en son sein une personne à la légitimité contestée".
RÉGRESSION
Pour Mme Goulard, les chefs d'Etats et de gouvernement ont validé une "grave régression" : "Ce n'est pas un combat de femmes contre hommes, c'est la lutte contre de vieilles structures fermées, souvent masculines. Se priver de femmes, c'est se priver de ressources, de l'utilisation la plus optimale de talents, car 60 % des personnes formées dans les universités sont des femmes".
L'eurodéputée juge également que la nomination de M. Mersch est "révélatrice" d'un problème plus large : "Les gouvernements sont en train de détruire l'Europe. Comment voulez-vous que les gens soient pro-européens si l'Europe bafoue ses principes fondamentaux, si l'Europe prétend défendre des choses qu'elle ne respecte pas ?"
Le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, a estimé que "du point de vue de la bonne coopération entre les institutions, ce n'est pas un pas dans la bonne direction. La BCE s'est dotée d'un membre à son directoire sans mandat démocratique".
"Les dirigeants européens ont aujourd'hui envoyé un signal clair de leur conception du processus démocratique : un outil qui doit être mis au rebut lorsque ce n'est plus pratique", a de son côté réagi dans un communiqué la Britannique Sharon Bowles, à la tête de la commission des affaires économiques au Parlement européen.  

source : le Monde