jeudi 8 novembre 2012

Gouvernance : 2011 restera comme l’année de la féminisation des conseils d’administration du SBF 120

« 2011 restera comme l’année de la féminisation des conseils d’administration du SBF 120 », assure Marc Sanglé-Ferrière, associé à Paris de Russell Reynolds Associates. En témoigne une étude sur la gouvernance des entreprises que vient de réaliser ce cabinet de recrutement, et dont Challenges publie les résultats en exclusivité. Après la féminisation des conseils des poids lourds du CAC 40, largement amorcée dès 2010 par anticipation sur la loi Copé-Zimmermann qui allait être adoptée début 2011, ce sont donc les poids moyens qui sont entrés à leur tour dans la danse. Il fallait s’y attendre, puisque les quotas de 20% de femmes en 2014 et de 40% en 2017 fixés par la loi concernent toutes les sociétés anonymes de plus de 500 salariés, ou de plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais ce qui est surprenant, c’est la vitesse à laquelle s’est faite cette transformation : « de 126 l’année précédente, le nombre de postes d’administrateurs confiés à des femmes est passé à 184, soit une hausse de 46% en un an, ce qui est considérable », souligne Marc Sanglé-Ferrière.

Les « bons » et les « mauvais » élèves du CAC 40.
Premier de la classe : le groupe Publicis, seul à respecter une parité stricte de 50% et à avoir une femme, Elisabeth Badinter, pour présidente de son conseil de surveillance. Bon dernier du palmarès : le groupe d’aéronautique et de défense EADS, maison-mère d’Airbus, qui ne compte toujours pas une seule femme parmi ses administrateurs


Quels sont les profils privilégiés par les cabinets de recrutements ? Comme pour leurs homologues masculins, les femmes occupant ou ayant occupé des fonctions exécutives sont repérées les premières : c’est aujourd’hui le cas de la moitié des nouveaux administrateurs, qu’ils soient hommes ou femmes, indique l’étude de Russell Reynolds. Mais, soulignent ses auteurs,  le nombre de femmes répondant à ce critère ne progresse toujours pas. Les comités exécutifs des sociétés du SBF 120 (hors CAC 40) ne comptent en effet que 10% de femmes (8% pour le CAC 40), dont 72% occupent une fonction « support » (76% pour le CAC 40). Pour que ce vivier ne soit pas rapidement asséché, il faudrait qu’il s’élargisse. Mais il n’y a pour le moment pas le moindre signe de frémissement.
     
 En attendant une hypothétique évolution, de nouveaux profils se dégagent. « On voit arriver des femmes qui, au tournant de la cinquantaine, se posent la question d’une carrière d’administrateur, souligne Marc Sanglé-Ferrière, ou qui, à la fin de leur quarantaine, ont une forte légitimité dans leur métier et peuvent être recrutées dans un conseil. » Selon ce chasseur de têtes, les entreprises commencent également à s’intéresser à des parcours « de femmes entrepreneurs », voire « à des femmes issues du secteur public ou du milieu associatif ». Avec un peu de chance, la féminisation des conseils pourrait ainsi avoir pour vertu de sortir du clonage actuellement pratiqué.


Lien vers le blog des femmes du magazine Challenge