mercredi 5 septembre 2012

Les femmes dans la hiérarchie des banques

Malgré des avancées, les femmes ne parviennent pas à s'imposer dans la hiérarchie des banques
Le « plafond de verre » qui bloque l'accès des femmes aux hautes fonctions se fissure lentement grâce aux politiques volontaristes des grands groupes.

Lors de la grande Conférence sociale le 10 juillet, la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a dénoncé le « plafond de verre » qui empêche les femmes d'« accéder aux hautes responsabilités ». Depuis quelques années, les banques mettent en place des politiques volontaristes afin de promouvoir davantage de femmes aux postes clefs. Promulguée en janvier 2011, la loi Copé-Zimmermann a agi comme un accélérateur : elle impose aux entreprises cotées du CAC 40 de compter au sein de leurs conseils d'administration et de surveillance au moins 20 % de femmes d'ici à 2014 et 40 % d'ici à 2017. La Commission européenne prépare un texte analogue (voir ci-contre).
Enjeu d'image
Incitées par ce nouvel environnement législatif, les banques ont mis en place leurs propres objectifs chiffrés. BNP Paribas compte 36 % de femmes à son conseil d'administration et va atteindre une proportion de 20 % de femmes au sein du « senior management » cette année, contre 16,5 % en 2009. Mais, à la tête des banques, on reste encore loin du compte. Pour la première fois, cette année, une femme a fait son entrée au comité exécutif de BNP Paribas. Il s'agit de Marie-Claire Capobianco, responsable de la banque de détail en France. La Société Générale compte pour sa part deux femmes au comex, BPCE cinq, le Crédit Agricole n'en a aucune. Mais de plus en plus de femmes sont nommées à la tête de caisses régionales, à l'image de Véronique Flachaire, directrice générale du Crédit Agricole Languedoc. Pour les banques, promouvoir la mixité est d'abord un enjeu d'image. BNP Paribas et la Société Générale ont déjà été condamnées par la cour d'appel de Paris pour motif de « discrimination sexuelle ». Depuis, les banques ont mis l'accent sur la gestion des carrières des femmes. « Nous sommes très attentifs à ce que le congé de maternité ne pénalise pas nos collaboratrices, notamment en termes de rémunération, et marque uniquement une pause dans la carrière des femmes », souligne Anne Mercier-Gallay, directrice des ressources humaines chez BPCE.
Il s'agit aussi pour les banques d'être plus en phase avec leur clientèle. « La mixité est un enjeu commercial, car 50 % de nos clients sont des femmes. Nous nous devons d'être représentatifs de notre clientèle », relève Véronique de la Bachelerie, directrice financière des réseaux Société Générale. Pour introduire davantage de mixité, les banques encouragent les candidatures féminines en cas de promotion. « Les managers sont libres de leurs choix, mais nous nous assurons qu'au moins les femmes sont sur la ligne de départ », précise Anne Mercier-Gallay. Pour aider les femmes à être davantage visibles, des associations fleurissent au sein des groupes bancaires. Elles se sont regroupées en un réseau unique, Financi'Elles, dont la marraine est Christine Lagarde. « Nous insistons auprès des femmes sur le fait que la prise de risque est un accélérateur de carrière. Avant d'accepter une promotion, les femmes ont souvent tendance à se demander si elles ont toutes les compétences requises », souligne Laure Morsy, à la tête de l'association Mix City chez BNP Paribas. En matière de mixité, l'engagement du patron demeure essentiel. Ainsi, Nicole Etchegoinberry a pu être propulsée à la tête du directoire de la Caisse d'Epargne Loire Centre, grâce à la volonté du président de BPCE. « J'ai pu réaliser mon ambition grâce à des hommes qui m'ont fait confiance. En 2009, quand François Pérol a pris la tête du groupe, j'ai insisté pour le rencontrer et il a donné son feu vert à ma candidature », raconte-t-elle. Le mouvement est lancé.

source : Les Echos du 5/09/2012